Pour faire du foot, par exemple, il faut savoir courir, contrôler le ballon et tirer. Mentalement, pour être un sportif de qualité, c’est la même chose. Il faut développer une palette de compétences mentales qui vont te permettre d’être bon dans tes entraînements, d’être bon dans tes matchs, quelle que soit la situation que tu traverses.
Garde la motivation pour travailler toujours plus
La performance, c’est un travail de longue haleine. Être bon à un entraînement, ce n’est pas si compliqué que cela, tout le monde y arrive de temps en temps en invoquant un bon alignement des planètes ou une journée levée du bon pied.
Par contre, être assidu à chaque entraînement, ne pas reporter une séance parce qu’il fait un peu plus froid que d’habitude, on est déjà dans les premières manifestations de la motivation.
À la première baisse de motivation ou de courage, c’est là qu’il faut que tu ailles te rappeler pourquoi tu t’entraînes et quels sont tes objectifs. Pour certains, ils peuvent paraître clairs, pour d’autres, il est nécessaire de se poser les bonnes questions et de faire ce travail d’introspective pour puiser au plus profond de toi de réelles sources de motivation.
« À chaque fois que l’on passe une difficulté avec succès, on monte son propre curseur de la normalité. »
Moi
Sois bon dans les moments qui comptent
De manière individuelle
Tu n’es pas toujours au top de ta forme. Il y a des moments, tu ne sais pas pourquoi tu ne réussis pas les gestes qui ne te posent aucun souci particulier en temps normal. Deux fois, trois fois d’affilée. Tu regardes tes mains, elles ont toujours l’air normales, mais tu demandes qu’est ce qui ne marche pas avec ces foutues mains!
C’est là qu’il faut que tu t’appuies sur ta patience et ta confiance en toi. Tu sais faire ce geste, même si tu t’es loupé deux fois coup sur coup, ça va revenir. Re concentre-toi sur le moment présent. Tu ne pourras pas corriger le geste manqué de l’action précédente, par contre, tu as toutes les cartes en main pour réussir le prochain ballon qui arrive vers toi.
Il n’est pas nécessaire que tu t’énerves contre toi. Tu risques d’entrer dans le cercle vicieux d’être moins concentré sur le prochain geste et donc d’augmenter les chances d’échouer à nouveau. Le problème avec la colère, c’est qu’elle nous enferme dans une sorte de bulle où l’on fait encore moins attention à ce qui nous entoure, on perd ses facultés cognitives et ça peut mettre du temps avant de redescendre.
Apprends à évacuer la frustration et la colère que tu as en toi sur le moment. Certains crient, s’auto-engueulent à voix haute et avec conviction. Tous ces moyens peuvent être bons à condition qu’ils te permettent de réellement évacuer ta frustration et que tu puisses te remettre au travail dans l’instant d’après.
J’ai aussi vu quelques joueurs s’infliger eux-mêmes des sanctions (pompes, burpees ou sauts) afin de canaliser leur trop-plein d’énergie lié à la colère. Faut l’avouer, durant ces quelques secondes où ça nous embête vraiment de faire 3 pompes, notre cerveau revient plus facilement dans l’entraînement.
Il faut que tu cherches les ficelles mentales qui te permettent de te reconcentrer sur tes gestes. À la fin d’un entraînement où tu as été en colère sur tes performances, prends le temps d’analyser pourquoi tu t’es énervé et comment tu as réussi à passer cette épreuve et à redescendre en pression.
En décryptant comment fonctionne ton cerveau, tu trouveras plus facilement les astuces pour mieux le contrôler.
collectivement
Ce n’est déjà pas facile d’apprendre à gérer ses périodes de creux, c’est encore moins évident quand il s’agit de creux collectif. Tu as forcément connu un match où tu t’es senti acculé dans ton propre terrain, et l’équipe n’a pas réussi à ressortir le ballon.
Au volley, il y a parfois des moments où ton équipe n’arrive pas à mettre en difficulté l’adversaire sur les attaques. Par contre, à chaque ballon qui arrive dans ton camp, c’est le danger, chaque joueur fait une faute directe, chacun à son tour. Bref, tu as beau te démener, pas de point dans ton équipe alors que tout réussit à l’adversaire.
C’est à ce moment qu’il faut apprendre à faire le dos rond collectivement, et minimiser ce temps faible pour qu’il ait un impact minimum sur le score du match.
Avoir deux trois joueurs dans l’équipe, capables de capter l’attention collective, est une des clés pour remettre l’équipe dans le bon ordre de bataille :
L’ensemble des joueurs doivent arrêter de ressasser les erreurs qui se sont enchaînées. Pour cela, tu peux donner avec conviction quelques consignes pour simplifier le jeu. L’idée est d’amorcer une spirale de gestes réussis collectivement.
L’humour, la bonne humeur, des attitudes positives sont aussi des moyens pour aider ton partenaire à ne plus cogiter sur son erreur précédente. Tu l’aides ainsi à porter son attention sur l’action présente.
En mettant en action ces leviers, le changement sur le cour du match n’est pas instantané. Il faut là aussi être patient et croire réellement que l’équipe va réussir un inverser la tendance du match. Imagine qu’un collectif, c’est un gros bateau à rames, si tu veux inverser sa direction, il faut beaucoup d’efforts pour ralentir le bateau qui est lancé à toute allure. Les efforts ne s’arrêtent pas quand le bateau est à l’arrêt, mais quand il repart. D’abord très lentement, puis en accélérant progressivement.
Un joueur qui s’énerve ou qui engueule son partenaire est un joueur qui rame à contresens du reste de l’équipage. À l’inverse, un joueur patient, qui se recentre sur le présent, qui simplifie son jeu dans les moments difficiles est un joueur qui a un mouvement de rame plus large qui lui permet d’agir plus efficacement sur le bateau.
Une fois que l’équipe aura appris à être dans la même direction, tous les joueurs en même temps, vous arriverez même à naviguer au milieu de rapides dans une rivière bien agitée.
À la fin d’un match, prenez le temps de débriefer le match sur les moments forts, mais aussi les moments difficiles que vous avez traversés ensemble. Il est important que chacun soit conscient que la force collective est une réponse pour corriger les erreurs individuelles.
Le Real Madrid, un modèle de force mentale
Comment ne pas parler du Real Madrid qui est une référence à ce sujet sur les dernières années. Cela fait quelques saisons que l’on dit qu’ils ne sont plus dans le coup, résultats 6 titres de ligue des champions en 10 ans. Le titre de 2022 montre bien la force mentale collective de l’équipe, avec un triplé de Benzema en 17 minutes face au PSG en huitième, contre Chelsea, ils inversent encore la tendance en fin de match retour alors qu’ils étaient menés de 3 buts. En demi-finale, contre le favori Manchester City. 2 matchs très ouverts où les temps forts s’alternent, mais à la fin, c’est le Real qui passe devant grâce à une force de caractère hors du commun.
Certains appellent cela de la magie, c’est sûr, c’est vendeur.
Pour moi, il s’agit uniquement de force mentale qui est dans la culture du club. C’est aussi peu palpable que de la magie, surtout quand on est de l’extérieur, mais si on assemble petit à petit les pièces du puzzle, on se rend compte que le club a construit cette force mentale qui rejaillit sur les joueurs :
- Aucun joueur plus grand que l’équipe (pas même Cristiano Ronaldo à son apogée)
- Des joueurs sûrs de leurs forces, mais modestes, des joueurs expérimentés (Kroos, Modric, Benzema)
- Un entraîneur qui transmet sa sérénité au groupe (Carlo Ancelotti) et qui a managé les plus grands clubs du monde.
Je pense que je reviendrai plus tard sur cet exemple, je suis sûre qu’en cherchant bien, on doit pouvoir encore trouver d’autres ingrédients utilisés par le club pour obtenir une telle réussite.
Gagne le rapport de force avec l’adversaire
Dans tous les sports d’opposition, il ne faut pas oublier qu’il y a un adversaire en face qui travaille au moins autant que toi, qui peux être plus talentueux et qui est là aussi pour remporter le duel.
La magie du sport permet qu’il n’y ait pas qu’une seule façon de gagner un match. Développer ses compétences mentales est un bon moyen de prendre l’ascendant sur son adversaire. D’abord, comme ce n’est pas encore entré dans les mœurs, une part minimale des sportifs travaille spontanément ses qualités mentales. Ce sera un moyen pour toi de te démarquer des autres et de retourner des matchs alors que tu n’es pas forcément le favori.
Déstabilise ton adversaire
Une fois que tu es sûr de toi et de tes facultés d’être solide psychologiquement durant un match, tu peux aussi perturber psychologiquement ton adversaire. Attention à être bon, car si tu entres dans ce petit jeu alors que c’est toi qui craques, ça peut te revenir d’autant plus fort en travers du visage.
Avec un peu d’expérience, tu arrives à remarquer les joueurs qui sont un peu moins sûrs d’eux, qui ont le regard un peu fuyant, qui évite les contacts ou le rapport de force. Ça marche aussi avec les joueurs qui sont moins en réussite. En leur mettant un peu plus de pression, tu peux les faire sortir définitivement de leur match et permettre à ton équipe de prendre l’ascendant sur vos adversaires du jour.
Au volley, on a l’habitude de focaliser les services sur le joueur le plus fragile en réception. Cela permet de faire de petites séries précieuses pour enchaîner quelques points. On peut aussi mettre la pression sur le meilleur attaquant / réceptionneur, en le faisant se déplacer en réception, pour qu’il ait du mal à enchaîner avec une course d’élan d’attaque.
Dans les sports avec du contact direct (au volley, le contact et l’agressivité ne se transmettent pas directement à l’adversaire, mais par l’intermédiaire du ballon.), la présence physique est un bon moyen de mettre la pression sur un adversaire. Il n’est pas forcément nécessaire d’être plus fort physiquement, la détermination et l’agressivité sont un moyen de prendre l’ascendant sur l’adversaire. Tu l’obliges ainsi à élever son niveau de jeu, qui l’amènera d’autant plus facilement à aller à la faute.
En effectuant ce pressing et cette agressivité de manière collective, l’équipe adverse sera asphyxiée et fera des erreurs techniques et des fautes qui vous donneront autant de cartouches pour marquer.
Utilise le trash talking
Le trash talking, spécialité au basket, est encore un moyen pour déstabiliser son adversaire. Il est dur de généraliser sur ce sujet, car tellement différent suivant les sports.
Je vous conseille de jeter un œil au reportage « viser plus haut » où un coach de basket islandais a ses méthodes pour entraîner des jeunes joueurs de 8 à 13 ans. J’ai été marqué par un exercice où il leur fait travail leur trash talking. C’est super intéressant de voir à quel point ces jeunes filles progressent et développent une confiance en elles. Je serais curieux de savoir comment elles évoluent au fil des saisons grâce à cette préparation controversée.
Effectivement, le formateur est un peu dur, mais je n’ai pas été particulièrement choqué, car les jeunes filles n’étaient pas là par hasard. Elles ont un certain niveau, combiné à une motivation qui semble leur permettre d’encaisser la méthode.
Chez les pros, en football, on peut aussi apporter l’exemple de Zlatan, qui s’est créé un personnage public très dur et sûr de lui. Perso, j’adore ce personnage bien plus complexe qu’il en avait l’air. Il avait la faculté d’impressionner ses adversaires, de tirer son équipe vers le haut et d’aider les jeunes de son équipe à donner le meilleur d’eux-mêmes (reportage Giroud, l’échange avec Olivier montre bien cet aspect d’Ibra).
Un joueur solide mentalement, qui tire ses coéquipiers vers le haut, est extrêmement précieux dans un collectif. Tu as la possibilité de le devenir si tu prêtes attention aux intéractions humaines et que tu développe cette aptitude.
Sois humble et prends du recul sur tes performances pour mieux progresser.
L’Homme est plein de contradictions, et le sportif aussi : être modeste tout en ayant un Ego élevé !
C’est forcément très difficile d’avoir les deux à la fois, mais nécessaire pour élever le niveau de performance. La clé, pour moi, est que le sportif doit savoir placer le curseur en fonction de la situation.
Initialement, l’égo est important pour se motiver à pratiquer son sport en compétition. Il faut une certaine assurance pour aller se mesurer à d’autres sportifs, leur tenir tête. C’est ton égo qui t’a amené à faire de la compétition et c’est lui qui motive ton ambition à vouloir jouer à un niveau toujours plus élevé. Quand tu changes d’équipe ou de division, c’est ta confiance en toi qui te permet de ne pas abandonner pour rattraper le gap de début de saison.
Il faut le garder et l’entretenir, pour chercher constamment à progresser et à doubler, un à un, chaque joueur plus fort que toi.
En parallèle de cela, il est aussi important de rester modeste sur ses capacités et ses performances. Il y aura toujours quelqu’un de plus fort que toi. Ensuite, la réussite peut repartir aussi vite qu’elle est venue. Plus tu progresses, et plus tu approches de ton plafond de verre, les efforts à fournir pour progresser seront plus importants pour des gains de plus en plus faibles.
Un joueur progresse tant qu’il regarde au loin et se fixe des objectifs élevés. À partir du moment où il commence à être suffisant et à décider qu’il n’a plus besoin de travailler : c’est le début de la fin.
Je vais encore parler de Cristiano Ronaldo (non, je ne suis pas fan, mais j’admire son travail.), lui qui a maintenu une hygiène de vie et un travail de tous les instants même lorsqu’il était le meilleur joueur du monde. La présence d’un Messi aussi au top durant la même période l’a poussé à aller toujours plus loin dans sa quête d’être le meilleur joueur du monde.
Les deux prodiges se sont disputé le titre de meilleur joueur du monde pendant de nombreuses années. Je pense que, si Messi jouait à une époque différente, Cristiano Ronaldo n’aurait pas été si loin dans sa quête de devenir le joueur ultime.
Même si je te souhaite leur carrière, je ne suis pas sûr que l’on revoit rapidement deux tels prodiges en même temps. Pour autant, à ton échelle, tu serais bien inspiré de te renseigner sur les méthodes de Cristiano Ronaldo et d’appliquer, à ton échelle, quelques-uns de ses principes :
- Récupération par le froid
- Optimiser le sommeil
- Répéter des entraînements spécifiques aussi bien technique et que physiques.
- Alimentation
Apprends continuellement
Rester humble, c’est aussi se dire que l’on a toujours quelque chose à apprendre de chaque personne, chaque situation. Il n’y a pas de méthode unique pour progresser, un sportif est soumis à un tellement de facteurs qui peuvent influencer ses performances, qu’il est impossible de tout contrôler.
C’est justement la faculté de rebondir après chaque échec qui pousse le sportif à repousser sans cesse ses limites. Si tu es convaincu que la défaite est due à ta performance plutôt qu’à des excuses extérieures (arbitrage, météo ou chance), tu trouveras les solutions pour faire mieux la prochaine fois.
C’est confortable d’avoir des excuses ou de se cacher derrière la chance, car ça nous permet de balayer la vérité d’un revers de la main. Sauf que l’on ne retire aucun enseignement pour la suite, c’est la fin de la progression qui s’amorce.
Conclusion
Les compétences mentales sont beaucoup plus difficiles à appréhender que les compétences physiques. Par contre, c’est à la fois l’essence de ton moteur pour la motivation. C’est aussi le lubrifiant qui entretient ton moteur, afin qu’il tourne continuellement au maximum de ses capacités.
Le fait que tu fasses de la compétition est bien la preuve que tu as déjà quelques compétences mentales sur lesquelles tu peux t’appuyer. Le fait que tu sois en train de lire cet article démontre que tu es sur le bon chemin, car tu es convaincu que tu peux travailler ta force mentale. Continues sur ce chemin d’apprentissage et d’expérimentation, avec de la patience, le travail portera ses fruits et te permettra d’aller plus haut.
Ce qu’il faut que tu gardes bien en tête
- Maintiens une motivation constante : Rappelle-toi régulièrement pourquoi tu t’entraînes et fixe-toi des objectifs clairs pour rester engagé, même dans les moments difficiles.
- Sois performant dans les moments critiques : Apprends à gérer ta frustration et à te recentrer après un échec pour améliorer tes performances, que ce soit individuellement ou collectivement.
- Gère les périodes de creux en équipe : Utilise des consignes simples, de l’humour, et des attitudes positives pour aider ton équipe à surmonter les moments difficiles ensemble.
- Développe une force mentale collective : Inspire-toi d’exemples comme le Real Madrid, qui a construit une culture de résilience et de mentalité gagnante.
- Prends l’ascendant sur ton adversaire : Travaille ta confiance en toi et utilise des stratégies pour déstabiliser ton adversaire, que ce soit par une présence physique, un pressing collectif, ou du trash talking maîtrisé.
- Reste humble et apprends en continu : Entretiens un équilibre entre un ego suffisant pour te motiver et une modestie qui te pousse à toujours progresser.
- Optimise ta préparation : Comme les grands champions, prends soin de ta récupération, de ton sommeil, et de ton alimentation, tout en répétant les entraînements techniques et physiques.
- Rebondis après chaque échec : Considère chaque défaite comme une opportunité d’apprentissage et non comme une simple malchance ou une excuse.
En suivant ces principes, tu renforcera non seulement tes compétences mentales, mais aussi ta capacité à performer de manière constante et à tirer le meilleur de chaque situation sur le terrain.