Que ce soit dans le sport ou dans la vie de tous les jours, ce n’est vraiment pas évident d’apprendre à perdre. Je ne sais pas si tu as des enfants, un petit frère ou une petite sœur, mais tu as forcément l’image d’un jeune enfant qui pleure parce qu’il perd la partie du jeu des 7 familles ou de foot.
Les premiers temps, on le laisse gagner, c’est normal, la confrontation est inégale, mais ça ne dure pas éternellement. Par contre, pour son bien et pour l’intérêt du jeu, on introduit de temps en temps la défaite pour apprendre à la vivre correctement et à continuer de jouer en s’amusant quelquesoit le résultat à la fin de la partie.
Le sport, c’est la même chose, derrière toute les ambitions que l’on met à chaque match, il est important de savoir perdre, pour tirer bénéfice de ces expériences et cultiver les victoires de demain.
Même si le public retient les victoires, il faut se rendre compte qu’il y a déjà statistiquement bien plus de perdants que de gagnants. Dernier Euro de foot, un seul gagnant, l’Espagne, pour 24 pays participants (4 % ) à la compétition sur 53 pays inscrits en qualification de la zone euro (1.8 % ).
Ce calcul, tu peux l’appliquer à tous les sports et toutes les compétitions. Le ratio peut etre encore plus faible dans certaines compétitions où plus d’équipes sont brassés dans le tournoi ou le championnat.
Avec cet article, je vais te partager diverses réflexions qui vont t’aider à considérer la défaite comme il faut, pour que ce soit à la fois un élément motivant pour ta progression et une expérience enrichissante pour que tu fasses mieux à chaque match.
Pourquoi c’est si difficile de perdre ?
Perdre peut être une expérience difficile pour beaucoup de raisons, qui sont souvent profondément enracinées dans la psychologie humaine et la culture sociale.
Des raisons dans la psychologie humaine
Le premier sentiment qui arrive naturellement dans ta tête quand tu perds un match est la déception. Tu t’entraînes depuis de nombreuses années, dans le but de gagner des matchs qui vont te permettre de jouer au niveau supérieur. Avant de commencer le match, tu pensais vraiment que vous alliez gagner. Tu es déçu du résultat, c’est normal, mais ça doit s’arrêter là et être digéré rapidement.
La déception peut être d’autant plus grande si tu avais des objectifs élevés et que tout semblait bien parti pour gagner le match. La déception ne doit rester qu’une étape dans ton cheminement psychologique d’après-match.
Il faut que tu fasses la part des choses entre le résultat brut du match et la prestation que ton équipe a délivrée. Une défaite ne doit pas remettre en cause tout le travail que tu effectues jusque-là, cela ne doit pas changer l’estime que tu as de toi.
Cette déception peut s’accompagner de frustration rendant la défaite plus dur à digérer. Ce sentiment d’impuissance qui laisse à penser qu’un fait extérieur soit la cause de la défaite (arbitrage, erreur individuelle d’un coéquipier…) peut amener un sentiment de révolte et de colère qui fait un peu plus perdre l’objectivité.
Déjà, sans frustration, il n’est pas donné à tout le monde d’être objectif et de reconnaître ses erreurs (surtout à chaud). L’inconfort dans lequel on est mis, amène souvent les gens à décharger la faute sur un élément extérieur plutôt que d’assumer ses torts.
« Si l’arbitre avait sifflé la faute sur le tacle qu’on a pris à la fin du match, on n’aurait pas pris le but et on aurait gagné le match ! »
La pression sociale
Ton coach, tes coéquipiers, ta famille ou ton entourage ont aussi des attentes sur tes résultats. En plus, en générale, ils ont une image améliorée de toi qui leur enlève souvent de l’objectivité (hormis le coach). Ce décalage de niveau combiné à leur attente créé une pression externe d’autant plus importante sur toi.
Après tout, tu t’entraînes beaucoup, tu es athlétique, tu as un rythme bien différent de leur vie bien rangée. Et tout ça pour avoir des défaites ? Ça contraste beaucoup avec l’image que tu leur renvoies.
Certaines personnes ont besoin d’avoir l’accord ou l’approbation d’autrui pour aller de l’avant : ca s’appelle de désir de validation. Dans ce cas, la victoire procure cette validation qui renforce le sentiment de compétence et de supériorité. La défaite peut donc engendrer un sentiment de non-accomplissement.
Enfin, que ce soit à la télé, dans les réseaux sociaux ou tout média, on ne cesse de diffuser des reportages sur les réussites des différents champions. Cette omniprésence laisse entendre que la réussite et le succès sont la normalité. Si tout le monde gagne, tu es quoi toi quand tu perds ?
Ces quelques exemples du quotidien montre qu’autour de nous, il y a forcément une pression qui s’installe et qui rend la défaite plus dure à encaisser.
Si on regarde dans notre cerveau, il y a aussi des réactions chimiques qui se font et qui nous rendent les choses plus difficiles quand ça ne va pas.
Réactions Physiologiques
Dans notre corps, il se passe tout un tas de réactions chimiques sécrétées par des neuraux transmetteurs. . Ce sont des messagers qui transmettent les informations entre notre cerveau et les différents organes pour influer sur notre comportement.
Nous sécrétons l’adrénaline, la plus connue de ces neurotransmetteurs, quand nous sommes soumis au stress d’une compétition ou d’un match à enjeu. Par contre, la défaite peut entraîner une chute brutale de ces niveaux, entraînant une sensation de malaise physique et émotionnel.
En comprendrenant mieux les raisons qui rendent la défaite si dure, on peut mettre en place des mécanismes , pour mieux réagir et permettre que la défaite ne soit qu’une étape vers la victoire recherchée
Comment réagir dans la défaite ?
La déception ou la colère de fin de match sont normales chez le compétiteur, il ne faut pas essayer de la refouler. Il faut juste la canaliser pour rester fair-play et dans l’esprit du sport dès le coup de sifflet final.
Si tu es quelqu’un de sanguin, cela peut prendre plusieurs heures pour redescendre. Dans ce cas-là, évite d’avoir des réactions à chaud, elles seront souvent contre-productives pour toi.
« Il vaut mieux se taire et passer pour un con plutôt que de parler et ne laisser aucun doute sur le sujet. »
Pierre Desproges
Je pense que tu l’as déjà remarqué, mais tu verras ensuite que tes réactions sont moins excessives et plus constructives, une fois que la pression est redescendue.
Rester modeste et objectif sur sa performance permet ainsi à la fois de mieux accepter la défaite, ne pas entrer dans une spirale négative et d’identifier des points concrets et simple d’amélioration pour progresser rapidement et durablement.
Que peux-tu mettre en place après une défaite ?
Garde une bonne mentalité
Commence à analyser ton match, mais en te focalisant sur les bonnes choses que toi et ton équipe avez produites. Cela va t’aider à garder une attitude positive et à te remonter le moral.
Tu vas ainsi valider certains aspects que vous avez travaillés aux entraînements. Ces étapes de validation sont importantes dans ta motivation à long terme à t’entraîner. Cela va conforter l’intérêt d’avoir une rigueur d’entraînement et que tous les efforts que tu produis servent à vraiment progresser.
« Le foncier que l’on a fait ces dernières semaines porte ses fruits, on n’a pas faibli d’intensité durant le match. »
Oriente la discussion que tu as juste après le match sur tous les aspects positifs, que ce soit avec tes coéquipiers ou bien tes proches venus te voir jouer. L’idée n’est pas de recevoir des éloges pour que tes pieds ne touchent plus terre, mais plutôt d’atténuer la déception : cette défaite ne remet pas en cause le travail fait jusque-là.
Apprends de cet expérience
Tu vas ensuite forcément penser aux erreurs que toi et ton équipe ont produits. Avant d’être dans la négative, prend le prisme de l’adversaire et essaye de voir si ce n’est pas lui qui a été bon sur ces actions.
On sous-estime souvent l’adversaire en disant qu’ils sont nuls car, effectivement, un peu moins athlétiques que nous ou moins techniques. Notre défaite face à « ces nuls » montre bien qu’être un bon joueur n’est pas seulement un joueur physique ou technique. Mais il y a bien d’autres qualités qui entrent dans le rapport de force : la patience, le collectif, la régularité …
En considérant l’adversaire à sa juste valeur, on commence par arrêter de se rabaisser soi-même et on reste sur un sentiment positif qui va nous permettre de nous remettre rapidement au travail.
On va aussi analyser nos faiblesses du match en visualisant des exemples de réussites de l’adversaire.
« Ils nous ont bouffé sur le pressing constant à venir, toujours à deux sur nous, même leurs attaquants ne nous ont pas lâchés, il faut que l’on fasse pareil et plus longtemps, car nous, on lâche le pressing trop rapidement. »
Ils sont dans le même championnat que nous, la différence de niveau n’est pas si importante, c’est bien la preuve que sur certains aspects, nous avons peu de chose à modifier pour être plus fort sur différents aspects de notre jeu.
Reste physiquement et mentalement en forme
Les jambes sont souvent plus lourdes après une défaite. Ton corps ne bénéficie pas de l’euphorie de la victoire. Tous les neurotransmetteurs que ton corps sécrète ont des conséquence directe sur ta santé mentale et ton état de fatigue.
Si dans ta tête tout est négatif après cette défaite, et que tu ne trouves aucune satisfaction (beaucoups d’occasions créées, match solide défensivement…), ton cerveau ne sécrètera pas de dopamine, cette hormone de la récompense qui réduit le stress, améliore la qualité du sommeil, diminue les douleurs et agit comme un antidépresseur.
Il est meme possible d’aller plus loin en utilisant des technique de relaxion par la méditation ou la respiration pour réduire le stress et maintenir une bonne santé mentale.
Renforce l’esprit d’équipe
Même si tu n’as pas l’âme d’un leader va réconforter des coéquipiers les plus affectés par la défaite. Des fois, il ne faut pas grand chose, le féliciter pour une action qu’il a mené ou détourner son attention si tu vois qu’il ressasse trop la défaite.
Certains joueurs manque de recul, et ne seront pas capable de relativiser la défaite. En discutant ensemble du match, tu pourras lui donner ta vision du match et l’aider à être plus objectif sur votre performance et celle de l’adversaire.
Il n’y a rien de pire que de voir l’ensemble des joueurs de ton équipes tirer une tronche pas possible. Ca va forcément vous amener tous au fond du trou moralement.
Les jours qui suivent le match, un débriefing collectif est important pour partager le point de vue de chaque joueur de l’équipe. Cela permet de :
- Partager chaque point de vue et sensibilité qui sont différentes dans l’équipe.
- Que chaque joueur puisse donner son avis sans se sentir mis de côté (les remplaçants y compris, leur œil extérieur au match est souvent précieux dans l’analyse.)
- Évacuer des frustrations, des désaccords apparus durant le match entre coéquipiers ou avec le coach.
- S’aligner sur les points à travailler pour tirer tous dans la même direction.
Les gros collectifs se sont souvent construits sur des défaites marquantes. L’ensemble de l’équipe a su faire preuve de résilience pour rebondir les saisons suivantes en ayant des résultats au-delà de leurs espérances. Je pense à l’OM dans les années 90, qui est allé chercher le titre suprême, 2 ans après une grosse désillusion en finale.
Remémore toi ta vision long terme
Il y a fort à parier que ce match n’était pas ton but ultime. Quand tu as mis en place tes objectifs, tu as défini que tu comptais progresser suffisamment pour jouer au niveau supérieur ou bien que tu voulais être plus propre et régulier en réception.
Le match est perdu, mais as-tu atteint l’objectif que tu t’étais fixé ou as-tu progressé sur cet aspect ?
Si la réponse est oui, voilà déjà une première satisfaction. Sois vigilant à ce que cet objectif soit aussi atteint les matchs suivants, ce qui traduira que tu as franchi un palier dans ta progression et que tu peux viser l’étape suivante de ton plan.
Si la réponse est non, analyse ce qu’il t’a manqué, cela va t’aider à mieux cibler la manière dont tu travailles ta gestuelle de réception.
Collectivement aussi, ton entraîneur a dû vous mettre un objectif sur ce match et sur le reste de la saison. Une défaite ne signifie pas forcément que l’objectif n’est pas atteint. Elle va même vous aider à voir le ce qu’il faut corriger pour atteindre vos objectifs.
En appliquant ces conseils, tu peux non seulement mieux gérer les défaites, mais aussi utiliser ces expériences pour devenir plus fort et plus résilient. Cela favorise une croissance continue, tant sur le plan personnel que sportif.